Un cas à part. Une personnalité hors du commun. Galoubet A fait partie de ces chevaux de légende qui ont marqué l'histoire des sports. Le destin de ce fils d'une jument trotteuse est unique : sauteur inoubliable, pionnier de l'insémination émigré aux USA, il a ouvert aux étalons, jusqu'alors cantonnés à l'élevage, la voie du circuit des coupes du monde. La double victoire, vingt ans plus tard, de son fils étalon Baloubet du Rouet à la finale de la coupe du monde n'en est que plus belle...
De fil en aiguille, alors que l'insémination artificielle était interdite pour la gente équine, un contrat fut signé le 29 septembre 1980 entre les Haras et Jean-François Pellegrin, autorisant l'insémination artificielle de 100 juments françaises et 60 étrangères par an pour GALOUBET ! Tout ceci en plein pataquès d'échographie ! Le tarif faisait chanter notre monde aussi : 5000 F (la vedette de l'époque, le Pur-sang NIGHT AND DAY, était à 400 F...). Les pragmatiques faisaient leurs comptes et ne trouvaient pas de rentabilité quand les laitons exceptionnels se vendaient 30000 F à Caen. Les biens formés « savaient » que des caisses de paillettes étaient expédiées en Suède, en Allemagne ! les "scientifiques" prédisaient une consanguinité préoccupante pour l'avenir, etc.
Toujours est-il que notre vedette prit la direction de la jumenterie du Pin au printemps 1981, parallèlement à la Coupe du monde. Sous la direction d'Eric Palmer, Tanneguy de Sainte-Marie récoltait le sperme, le filtrait, le diluait avec du lait demi-écrémé UHT (de l'épicerie du Bourg St Léonard) et inséminait les juments suivies par le Dr Blanchard à Ville-pelée. Toute la région était en effervescence : on ne faisait plus des expériences à la jumenterie, on travaillait en grandeur nature. A l'aigle la société IMV-Cassou, leader en insémination bovine, planchait sur l'insémination équine avec Palmer, Blanchard et le Pr Nagase, invité spécialement du Japon par Jean-François Pellegrin. Résultat en 1982 : 60 immatriculations de jeunes Q pour 121 juments inséminées. En 1982 il n'y eu pas d'insémination mais en 1983 GALOUBET arrêta la compétition : il saillit 110 juments à 8000 F, pour 48 immatriculations. Ces juments appartenaient à des propriétaires nantis plutôt qu'à de vrais professionnels (sauf MM. Fardin et Leredde), malgré les arrangements qui leur étaient consentis. Dépité, Jean-François Pellegri expédia son cheval aux USA sous la responsabilité de son ami Jacques Le Goff.
Peu de temps après, les premiers Q sortaient...et sautaient. Pas brillants à quatre ans, ils s'amélioraient ensuite à 30% d'entre eux seront indicés à plus de 140 (contre 2,5% de moyenne nationale) dont les chevaux de CSIO QUINTOLET DU PARC et QUATOUBET DU ROUET ( 2ème du GP d'Aix-la-Chapelle avec Roger Yves Bost !). SI JOLIE II, ISO 176 et SIEUR DES SALINES, ISO 160, confirmaient. Parallèlement, le prix des foals bien nés connaissait une belle inflation et en 1989 (année de naissance de BALOUBET DU ROUET), un certain nombre d'éleveurs financiers en profitait pour investir dans des parts que J.-F.Pellegrin mettait en vente, d'où 45 C pour 13 B.
Sa mère trotteur, ses prix de saillie très élevés dès le départ, son émigration rapide aux USA, les coûts de transports de semences font qu'il n'a pas profité d'une jumenterie comparable à celle de JALISCO B. Ses produits plus côtés à l'étranger qu'en France sont très souvent exportés et ne participent pas à sa publicité, mais on leur reconnaît de la « niaque », du cœur, de la puissance, du respect, sinon de l'équilibre. Les compagnes qui lui conviennent le mieux semblent devoir être harmonieuses, équilibrées avec de vraies belles allures et stylistes. 5ème étalon mondial au dernier classement WBFSH, il a déjà produit beaucoup de bons chevaux : QUICK STAR, THE DEVELOPER, U'GRAND JETE, GALOUWAY sous couleurs américaines, SORIAN, QUIVIENT DE BOISY pour la suisse, TOUCHDOWN en Irlande, QUALOUBET III, DARIO, SKIPPY II pour la Belgique, SIEUR DES SALINES, QUATOUBET DU ROUET, SI JOLIE II, SIRE DU MAINE, CALOUBET DU ROUET en France. Outre les susnommés, tous les gagnants internationaux qui le qualifient d'un BLUP de 26 (0,96), on ne lui voyait pas de réel crack mondial. En 84 poulains de 1982 à 1989, BALOUBET DU ROUET double gagnant de la Coupe du monde s'impose comme un magnifique démenti.
De ses 26 fils étalons, 13 ont un BLUP supérieur ou égal à 20 parmi lesquels émergent des figures comme QUINIOU, QREDO DE PAULSTRA, QUICK STAR (père de la fabuleuse STELLA SPREHE, 6ème de la final de la Coupe du monde). Bernard Le Courtois (et d'autres !...) pense que ses filles sont d'excellentes poulinières, à l'image de QUANAGRA, mère de VIKING DU TILLARD. Tout ceci fait que les cartes de GALOUBET deviennent très recherchées par les non porteurs de part et se négocient aux alentours de 25000 F, transport de semence inclus. Comme sa descendance, GALOUBET respire la santé. Lui a 27 ans
galoubet a
Tout le monde connaissait ses ruades fantastiques et le sentiment national éclatait en Coupes des nations par l'aisance de ses sauts au style pas toujours académiques.
Dans le cercle des initiés, on commençait déjà à parler de lui en 1977, même les gens qui ne l'avaient jamais vu savaient que c'était un crack. Bien que n'étant que 2ème série au modèle, il gagna le championnat des 5 ans à Fontainebleau grâce à un double de gros oxers qu'il fut le seul à franchir sans encombre.
L'année suivante démarra aussi tardivement, en mai, et fut surtout consacrée au travail de base. Mais il fut quand même classé dans les Grands Prix du Touquet, de Châteaudun et 12ème du Grand Critérium juste derrière GRAND CŒUR son copain d'écurie.
1979 est la première année de gloire ! Pour son premier CSI, GALOUBET gagne le Grand Prix de Wiesbaden, seul sans-fautes. Membre de l'équipe en Coupes des nations, il participe à la « Coupe du Président ». En août, il est 15ème au Championnats d'Europe de saut d'obstacles à Rotterdam, seul étalon au monde depuis SANS SOUCI à participer à des épreuves de haut niveau, le plus jeune aussi. Le mois suivant, il aide Gilles Bertran de Balanda à gagner son premier Championnat de France senior devant Hervé Godignon et une autre vedette, ELECTRE.A sept ans, il est 5ème des chevaux français de saut d'obstacles. A part DANOSO en 1974 (lui était 1er !), on n'avait jamais vu ça !
En 1980, c'est le grand braquet...Pilier de notre équipe avec FLAMBEAU C, GALOUBET gagne en Coupes des nations à Aix-la-Chapelle, Liège, Paris, Toronto ou il s'offre aussi le Grand Prix, 2ème de celui de New-York, il forme avec Gilles le meilleur couple de la tournée nord-américaine. Ils sont aussi 8ème de la finale de la Coupe du monde, des Jeux olympiques de remplacement de Rotterdam (où il gagne la première manche) et 2ème aux Championnats de France. Cette année là, GALOUBET est 2ème des chevaux français de saut d'obstacles.
1981 fut l'année GALOUBET : il est LE meilleur cheval français de saut d'obstacles (ISO 181) et il fait une entrée fracassante dans le monde de l'élevage.
En 1982, GALOUBET termine son vedettariat sportif par une 5ème place aux championnats du monde de Dublin, ne pouvant accéder à la finale tournante à quatre à cause d'un quart de point pour temps dépassé. Mais il était quand même champion du monde par équipe...Il a gagné ou fut 2ème de dix neuf Grands Prix internationaux pendant sa brève carrière, les gens qui allumaient le petit écran avaient des raisons de ne connaître que lui.
Gilles Bertran de Balanda fut conquis au paddock des 5 ans, au pas, par ce grand bai d'1,73m à la tête légèrement busquée et importante mais belle, avec son front presque creux et son regard de seigneur. Contre les avis de Neco, Janou Lefèvre, Daniel Constant, il « se le fit acheter » par Jean-François Pellegrin et ne toucha pas une barre de l'année. Un peu pataud au début, il devint rapidement très fin, mais aussi très chaud aux juments et à l'environnement même en parcours. Heureusement, sa grande gentillesse et son génie compensaient sa distraction, ses inquiétudes, et permettaient à Gilles de le contrôler foulée après foulée. Ses jarrets le poussaient plus naturellement qu'ils ne le portaient, et les relations mains-dos-jarrets étaient délicates à cause de la grande sensibilité de sa bouche par rapport à sa force. Heureusement, il était très souple aussi. Très généreux (il ne s'est jamais arrêté avec Gilles), il était aussi extrêmement respectueux, faisant plus confiance à son génie, sa force et son coup de dos qu'à son style. Toutes les explications ont été données à ses ruades... relativement héréditaires et peut-être dues à un excès dans le saut.
Dim 29 Jan - 23:27
